19 juillet 2010

Win or lose

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---Les Knicks ont lancé toute leur force dans la bataille et ont perdu. Les coudes posés sur la balustrade qui surplombe le parquet du Madison Square Garden plongé dans la pénombre, j'essaye de rappeler à mon souvenir l'odeur de sueur et de compétition qui transpire des matchs de playoffs à couteaux tirés, mais je n'y arrive pas. Ça fait trop longtemps. Je ferais mieux de sortir de ma tête les fantômes de Patrick Ewing, John Starks et Anthony Mason avant de devenir un vieil imbécile qui sort du "c'était mieux avant" à chaque coin de phrase.

---J'ai quelques profils de lycéens à réévaluer qui m'attendent sur mon bureau mais ils peuvent attendre, je sais que ce boulot de scouting qu'on m'a filé n'est là que pour que je ne traîne pas dans les pattes des grands pontes de l’organisation. Je suis peut-être le dernier vestige d'une époque de la franchise que le temps a jauni avant que je ne m'en rende compte. Spike Lee a toujours gardé espoir pour cette équipe, moi je l'ai perdu il y a bien longtemps. J'ai à peine levé un sourcil interrogateur quand j'ai appris que Lebron James pourrait un jour porter les couleurs bleue et orange. Je n'aurais pas cracher sur sa venue, peut-être même aurait-il rallumer la flamme du Garden. Je lui en aurais été reconnaissant, cette salle ne mérite pas d'être privé des clameurs. Un flingue tenu par Charles Oakley devrait bientôt caler son métal froid contre ma tempe parce que j'en viens presque à regretter la grêle assourdissante de paniers que Michael Jordan et Reggie Miller faisaient résonner sous ces toits. Même si ça n’avait rien à voir avec de la joie, c’était bon de voir cette salle rugir.

---Mais quand on a signé ce gros chèque à Amare Stoudemire, j'ai rapidement détourné le regard de la frêle lueur que ce gamin de Cleveland avait brièvement allumé dans mon esprit à mon insu. Ce Stoudemire puent le talent jusque dans les chaussettes et même s'il n'a que trois ou quatre actions dans son sac, notre coach sait comment les rendre injouables. Sauf que c’est pas le genre de gars avec qui je partirai en guerre. Sa dureté, il ne l’utilise qu’en attaque. La défense ne l’intéresse qu’à moitié et sa tendance à jouer les divas me fait regretter que ses 2,08 m ne me permettent pas de lui botter l’arrière train.

---Lebron James n’est pas un imbécile. Il sait que Stoudemire n’est pas le bras droit sans état d’âme et sans reproche qu’on prend avec soi pour livrer bataille. Du moins, pas si on veut en sortir vainqueur. James et le public new yorkais connaissent l’importance de la défense, des valeurs guerrières et de la solidarité dans la lutte pour un titre. Pas Stoudemire.

---Je me demande ce que les cols blancs lui on vendu, au gamin élevé dans l’Ohio. A part une montagne de fric et une notoriété absolue, qu’est-ce qu’ils ont bien pu lui vendre ? Toney Douglas ?

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